Journal d’une femme de chambre
Auteur : Octave Mirbeau
Editions Folio Classique
Paru en 2005
Genre : Classique
C’est peut-être le livre classique qui me faisait le plus envie dans ma PAL. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs… Mais j’avais envie de connaître les histoires d’une femme de chambre. Mais le bon petit pavé que c’était me décourageait, j’ai donc eu l’idée de l’écouter en livre-audio, grâce à une version gratuite proposée par l’association Des Livres à Lire et à Entendre, que vous pouvez retrouver sur leur site internet. Ce sont des amateurs qui lisent les œuvres, du coup ce n’est pas toujours parfait, mais pour le coup, je trouve que la lectrice Victoria l’a lu à la perfection. Et j’ai été ravie de découvrir cette œuvre de Mirbeau à travers sa voix.
On se rappelle du sublime Journal d’une femme de chambre de Luis Bunuel, dont le personnage était lumineusement interprété par Jeanne Moreau. On a un peu vite oublié peut-être que le film était une adaptation, après celle de Renoir, d’un livre non moins remarquable d’Octave Mirbeau, publié en 1900. Ce journal d’une femme de chambre est celui de Célestine, au Mesnil-Roy, en Normandie. Elle est nouvellement engagée, acceptant la place dans l’espoir de se reposer des turbulences parisiennes. Les événements ne manqueront pas pour colorier son quotidien. Un quotidien qu’elle consigne avec « toute la franchise qui est en elle et quand il le faut toute la brutalité qui est dans la vie ». C’est donc là un journal de femme en province, au bas de l’échelle sociale, et le prétexte pour Mirbeau de brosser au scalpel une étonnante galerie de portraits, dans une violente satire des moeurs provinciales et parisiennes de la Belle Époque. Autopsie de la bonne bourgeoisie, ce Journal dresse en petites touches, parfois en larges aplats, les travers d’une humanité mesquine, hypocrite, et condamne tous les débordements nationalistes et antisémites. Le roman connut un vif succès à sa parution, il est aussi le plus célèbre de Mirbeau.
Alors avec ce livre, on passe plus de 500 pages avec Célestine. Et croyez-moi, c’est un vrai plaisir. Cette Célestine n’est pas exempte de défauts, c’est clair. Mais elle est piquante, elle est cynique, elle est pleine d’humour et il est hyper agréable de se plonger dans son journal. Et le style et le rythme de l’histoire sont absolument parfaits. C’est le premier livre d’Octave Mirbeau que je lis, mais je pense que je me pencherai sur d’autre livres signé de sa plume!
Au travers de toutes ses aventures, on découvre des histoires tour à tour énervantes, touchantes, horripilantes, bizarroïdes… On aime à découvrir les petits secrets de ces maîtres qui ont tous des caractères bien particuliers. Entre les pervers, les hommes soumis à leurs femmes, les maîtres près de leur argent, les histoires de sexes ou d’amour, les serviteurs agréables ou antipathiques,… On a un millier de visages différents qui défilent devant nous et qu’on ne peut s’empêcher de juger… Tout comme Célestine.
Mais on s’aperçoit vite qu’elle même subit le jugement des autres. Elle s’en amuse et en joue, mais le lecteur ne peut s’empêcher de se remettre en question sur ses propres à priori. D’ailleurs l’héroïne elle-même, je l’ai trouvé parfois absolument horrible et pourtant je n’ai pu m’empêcher d’avoir une certaine affection pour elle… Quelle étrange relation!
Il est vrai cependant, que certaines histoires peuvent paraître répétitives. Même s’il s’agit d’autres personnages et d’autres lieux, le lecteur peut avoir l’impression que Mirbeau tente de faire passer le même message encore et encore. Alors cela peut être lassant. D’autant plus que le livre est un bon pavé donc il aurait pu être allégé assez facilement. Si je ne devais choisir que trois histoires, je prendrai : George parce que j’ai été émue, le furet pour l’horreur que la manipulation des sentiments peut faire et la séance chez la placeuse qui m’a appris beaucoup et où l’on a un bon aperçu du peu de considération que les maîtres ont pour leurs femmes de chambre.
En bref,
C’était une très bonne découverte! Moi qui suis toujours un peu réticente à me plonger dans un classique, j’ai vraiment apprécié la plume de Mirbeau et le caractère piquant qu’il a donné à Célestine. Les histoires m’ont toutes plu, mais parfois je les ai trouvé répétitives. Voilà pourquoi cela n’est pas un coup de cœur, mais ce n’était pas loin.
Ma note : 4/5